
Agacés par les travaux de la ligne P qui n’en finissent pas, des voyageurs créent une association
Par Audrey GruazPublié le 10 janv. 2025 à 20h28
Il en existe déjà plusieurs en Seine-et-Marne. Mais depuis septembre 2024, une nouvelle association est née à l’initiative de cinq voyageurs de la ligne P. Il s’agit de l’Adulp, comprenez Association de Défense des Usagers de la Ligne P.
Une association que ses fondateurs ont voulue collégiale, il n’y a donc pas de président, pas de leader, mais des membres qui se partagent les rôles en fonction des compétences et des appétences de chacun.
La situation s’est dégradée ces dernières années
« Je prends la ligne P depuis 18 ans. Et chaque année, on nous promet plus de trains, de meilleures conditions de transport, mais depuis 10 ans, la SNCF se cache derrière des travaux à réaliser pour supprimer des trains », déplore Pikria Qavlashvili, l’une des membres fondatrices de l’association.
« Nous ne remettons pas en cause les travaux, ils sont sûrement nécessaires. Ce que nous ne pouvons plus accepter c’est le manque de communication. Nous ne connaissons pas la date de fin des chantiers, on ne peut pas se projeter. Les gens pourraient accepter tout ça s’ils savaient quand ça va s’arrêter », poursuit-elle. L’association réclame notamment un audit pour connaître le but de ces travaux de rénovation et surtout leur date de fin.
L’association réclame une meilleure communication
Outre les travaux, l’association regrette aussi de ne pas avoir connaissance du calendrier plus en amont. « C’est impossible d’anticiper, d’autant que la SNCF donne les détails des horaires soit sur l’appli, soit sur son compte Twitter. Mais tout le monde n’utilise pas ses outils », poursuit Pikria Qavlashvili.
La communication est l’un des points principaux que l’Adulp aimerait voir améliorée concernant la ligne P.
« Cette ligne est un vrai frein pour l’emploi. C’est impossible de la prendre si vous avez des horaires décalés ou si vous travaillez le week-end », affirme Pikria Qavlashvili.
Pourtant, ces dernières années, des horaires ont été modifiés et des compositions de train aménagées, avec notamment davantage de trains sur la branche en direction de Château-Thierry. Mais pour les membres de l’Adulp, ce n’est pas suffisant et surtout « cela ne tient pas compte de l’évolution démographique du secteur. Il y a aujourd’hui beaucoup plus d’habitants dans des trains trop petits », estime Pikria Qavlashvili qui a constaté que si la Seine-et-Marne a attiré des habitants de la petite couronne après le Covid, en recherche de verdure et d’espace, certains ont décidé de repartir faute de transports adaptés.
Un remboursement du pass Navigo ?
« Pour le moment, nous n’avons pas réussi à obtenir de rendez-vous avec la SNCF pour pouvoir discuter et obtenir des réponses », regrette Pikria Qavlashvili. Alors, pour se faire entendre, l’association utilise la voix des députés du nord Seine-et-Marne pour porter ses revendications.
Ses membres ont obtenu un rendez-vous avec Jean-François Copé, maire de Meaux et président de la communauté d’agglomération du Pays de Meaux, fin janvier 2025. Cette rencontre fait suite à un courrier que Jean-François Copé a adressé à Laurent Probst, le directeur général d’Ile-de-France Mobilités en octobre dernier, dans lequel il réclame pour les usagers de la ligne P un dédommagement du pass Navigo à hauteur de 25 % « pour compenser l’absence de service le week-end sur l’ensemble du mois de novembre, ainsi qu’une réduction de 20 % pour les travaux qui empêchent une utilisation normale de la ligne P en soirée ».
Les membres de l’association soulignent l’aspect positif de recevoir un dédommagement de la part d’Ile-de-France Mobilités, « mais cela ne règle pas le problème de fond de ces travaux qui ont lieu tous les week-ends et le soir ».
Mi-décembre, l’association a tenu sa première réunion publique, dans le village de Saint-Cyr-sur-Morin. Une cinquantaine de personnes ont pris part à cette réunion au cours de laquelle le collectif a pu réaffirmer sa volonté d’obtenir un calendrier précis des travaux, ainsi qu’une augmentation du nombre de rotation de bus de substitution desservant les villages.
L’association réclame également davantage de places de stationnement près des gares de la ligne P, l’augmentation du nombre de rames de train aux heures de pointe, ainsi qu’un meilleur approvisionnement en pièces détachées pour une réparation plus rapide en cas de panne.
« Nous allons organiser d’autres réunions, toujours dans des villes desservies par la ligne P et de préférence dans des villages », assure Pikria Qavlashvili. La prochaine réunion, dont la date n’est pas encore calée, devrait avoir lieu à Changis-sur-Marne ou Saint-Jean-les-Deux-Jumeaux. Une autre est également en cours de programmation en février ou mars à Lagny-sur-Marne. La quatrième, au printemps, devrait être à Crécy-la-Chapelle.
Contact : adulignep@gmail.com







